R18 à la TV (ou presque)

Une R18 diesel break phase 1 "ventousée", passablement rouillée, devant le siège de TF1 ! La R18 a le même age que moi. Je me souviens bien de l'époque où les policiers roulaient en R18 break "pie". Ma préférée, c'était l'ultime version, avec clignotants blancs et lèvres sur la calandre...

La R18 fut lancée en 1978 pour remplacer la R12. Après le flop de la R14, Renault avait besoin de remonter la pente et le développement de la R18 fut mené au pas de course [citation needed]. Aussi, la firme au losange a fait preuve de conservatisme, pour la ligne. Une berline 3 volumes, aux formes assez simples.
La R18 était le cas typique d'une voiture post-crise du pétrole. Une voiture banale, avant tout utilitaire (même s'il y a eu une R18 turbo), sous-équipée et mal finie. En 1980, la diesel apparu, avec son 2,1l (atmo !) 66ch et ses 150km/h en pointe. Curieusement, elle revendiquait 2ch de plus que la R20 diesel. L'air de rien, elle était vendue 55 300 francs, le prix d'une Audi 100 "Formule E" ou d'une BMW 316i. Le break avait un important volume de chargement. L'été, on croisait nombre de R18 breaks, chargés jusqu'à la gueule, filant plein sud. Le musée de l'Immigration avait d'ailleurs consacré une expo-photo de voitures "sur la route du bled".
En 1986, la R21 apparue et elle se voulait beaucoup plus ambitieuse. La R18 fut vite oubliée. Les gens n'avaient pas d'attachement sentimental. Les diverses primes à la casse décimèrent les rangs. Et même aujourd'hui, ce n'est pas vraiment un collector...
On disait que la R18 avait été conçu pour pouvoir être facilement assemblée en CKD. Cela expliquerait le choix d'un essieu arrière rigide (dont l'Auto-Journal se plaint par trois fois, lors de l'essai !) Elle fut assemblée au Chili, en Uruguay, au Venezuela (dans un atelier utilisé plus tard par Great Wall !), au Mexique, en Cote d'Ivoire et au Maroc, par l'incontournable Somaca.
La R18 fut surtout produite à Santa Isabel, dans l'ex-usine Ika. A la fin des années 70, l'Argentine était encore le second débouché de Renault (après l'Espagne.) Néanmoins, depuis 1974 et la mort d'Yvon Lavaud, il manquait quelqu'un capable de plaider la cause de l'Argentine à Boulogne-Billancourt. Du coup, le pays se retrouva dans le "reste du monde" et lorsque Renault voulu se réimplanter en Amérique Latine, il ouvrit une usine au Brésil.
La R18 arriva en Argentine en 1980. La R21 fut produite à Santa Isabel dès 1989, mais la R18 poursuivi son chemin jusqu'en 1993. Elle disparu du tarif un an après la Fuego (!), mais un an avant la R12 (!) et la R11. Quant à la R9, elle fut produite jusqu'en 1996, l'année où la R21 fut envoyée à la retraite. Ce vieillissement étant symptomatique du dédain envers l'Argentine...
La R12 avait connu un peu de succès dans les rallyes Argentins. Alors, en 1981, la R18 fut également envoyée au charbon. Jorge Recalde lui offrit un titre national en 1985. En 1988, Recalde loua une Delta et il remporta le rallye d'Argentine. Il récidiva en 1995 (toujours avec une Delta), alors que le rallye n'était plus inscrit au championnat du monde. Recalde revint ensuite à la R18. Il mouru en 2001 d'une attaque cardiaque, lors d'un rallye. Le livre des 50 ans de Renault Argentine (NDLA : oui, je possède ce genre de bouquins) déclarait que Recalde était le plus grand pilote Argentin, avec Juan Manuel Fangio, José Froilàn Gonzàles et Carlos Reutemann. Faut pas pousser...
Et à quelques mètres de là, une Fiat Nuova 500, avec portes suicides. Des malfrats ont fracturé la vitre passager, tranquilou, à dix mètres des vigiles de TF1...

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