Rétromobile 2018 : 13. Talbot-Lago America

Le stand Peugeot abrite également Simca et les marques rachetées par Simca (comme Ford-SAF.) D'où la présence de cette Talbot-Lago America de 1962.
Drôle d'histoire que celle des Talbot ! Les plus anciennes traces de la famille remonte à la Normandie Médiévale. Il y eu des Talbot parmi les soldats de Guillaume le Conquérant. Quelques siècles plus tard, John Talbot, comte de Shrewsbury, participait à la guerre de Cent ans (pour les Anglais.) Capturé et emprisonné à Rouen, il jura de ne plus porter les armes afin d'être libéré... Mais il participa à d'autres batailles et mourut au combat, près de Bordeaux. Il fut l'une des dernières victimes de la guerre de Cent ans. Son très lointain descendant, Charles, comte de Shrewsbury et de Talbot, s'associa à Adolphe Clément, pour fonder Clément-Talbot. A l'époque, exporter était compliqué. Il valait mieux créer ou racheter une marque. Alexandre Darracq avait dilapidé sa fortune en mettant en place SAID (qui allait devenir ALFA, puis Alfa-Romeo...) En 1916, il du vendre Darracq à Clément-Talbot. Il y eu ainsi des Talbot-Darracq en France et des Clément-Talbot en Grande-Bretagne. Le groupe s'offrit Sunbeam, qui se lança dans un ruineux programme sportif (Grand Prix et engins de records.) En 1933, Tony Lago, homme d'affaires d'origine italienne, se fit embaucher, avec la promesse de pouvoir reprendre Clément-Talbot à court-terme.
Les affaires trainèrent et en attendant, Lago fut aiguillé sur Talbot-Darracq, qu'il racheta en 1934. Rootes (déjà propriétaire d'Hillman et de Humber) racheta la branche Britannique en 1936. En 1938, Clément-Talbot disparu au profit de Sunbeam-Talbot, qui commercialisait des Hillman "talbo-isée". De l'autre côté de la Manche, Lago renomma Talbot-Darracq, Talbot-Lago. Il repositionna la marque dans le luxe et le sport. La SS "goutte d'eau" marqua les esprits.
Qu'à fait Lago durant la guerre ? Conditionnel de rigueur. En 1938, il aurait reçu une subvention de l'ACF pour développer un moteur V16 de Grand Prix. Il aurait utilisé l'argent pour obtenir une licence de fabrications de moteurs d'avions Pratt & Whitney. L'ACF n'était pas content, mais avec le début des hostilités, l'affaire fut classée. Lago avait fuit les fascistes et obtenu la nationalité Britannique. Néanmoins, lorsque les nazis débarquèrent, il aurait ressorti son passeport Italien. Il aurait ensuite fabriqué des moteurs d'avions lors de l'occupation. Mais il ne fut pas inquiété à la Libération et son nom ne figurait pas parmi les collaborateurs.
Durant l'immédiat après-guerre, Talbot-Lago allait très bien. Sa monoplace de Grand Prix et sa biplace "sport" étaient très compétitive. Après avoir gagné Le Mans en 1950 (avec Louis Rosier quasiment seul au volant), Talbot failli récidiver en 1952 (avec Pierre Levengh.) La production frôlait les 500 unités en 1950. Puis ce fut la dégringolade. En 1951, le constructeur du déposer le bilan. Le joli coupé T26 de 1952 rencontra un succès modeste. En 1955, Talbot-Lago lança la T14, une T26 en réduction (et moins chère), qui fit à peine mieux. Le patron ne croyait plus en ses mécaniques. En course, les voitures avaient des moteurs Maserati et sur la route, il installa des V8 BMW dans la T14, devenue America. "America" car Talbot envisageait enfin d'exporter. Néanmoins, c'était déjà trop tard. En 1959, il revendit à Simca. Tony Lago mourut l'année suivante.
Simca ne s'intéressait qu'à l'usine de Suresnes. D'autant plus que Talbot-Lago possédait des terrains attenants. C'était idéal pour produire l'Aronde P60. Il restait néanmoins quelques châssis d'America/T14 (sans moteur.) Simca y greffa son triste V8. On parlait d'une dizaine de voitures, mais le nouveau propriétaire se pressait doucement. Ainsi, cette America attendu 1962 pour recevoir un moteur.

Il faut se rappeler que la Jaguar Type E était sortie l'année précédente. Cette America était vraiment très démodée et en plus, elle était sous-motorisé. Le tout vendu pour la modique somme du prix de trois DS 19 ! Elle n'avait vraiment pas grand chose pour elle...

Et 17 ans plus tard, le nom de Talbot réapparaissait. Mais ça, c'était une autre histoire...

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