Ford T

Lors du mini-essai Ford Mustang, j'ai flâné dans les locaux de la SAFI. Il y avait tout une flotte de Transit Sportvan et surtout, cette Model T. Il resterait encore un million de Ford T, pourtant, j'en ai croisé très rarement.
La Ford T, c'est LE modèle le plus emblématique de l'ère Henry Ford. Sa vie mériterait largement un biopic. Mais pas sûr que Ford serait d'accord. Car il y a pas mal de controverses autour de son fondateur...

On disait le Ford d'origine Irlandaise. Effectivement, William, le père d'Henry, est né près de Cork. Sauf qu'en fait, les ancêtres de William venaient du Somerset et ils étaient donc des colons. Non pas de riches propriétaires terriens, mais des paysans pauvres. Au moins, en tant que protestants, ils avaient davantage de droits que les catholiques. Vers 1844, le mildiou décima les plans de pommes de terre. Or, la pomme de terre était souvent l'unique denrée des Irlandais, catholiques ou protestants. En 1846, comme des millions d'autres, William et ses six frères et soeurs, émigrèrent vers les Etats-Unis. Les émigrants s'installaient toujours plus à l'ouest. Vers 1850, Irlandais, Belges et Suédois se voyaient attribués des parcelles près des Grands Lacs. Henry naquit ainsi dans le Michigan, en 1863.
Il n'y a pas grand chose à dire sur la première moitié de la vie d'Henry. Elève pas très assidu, il préférait monter et démonter la montre qu'on lui a donné. Il avait 13 ans lorsque sa mère mouru et son père voulu qu'il s'occupe de la ferme. Il préféra "monter" à Detroit. C'était l'époque des machines à vapeur et il devint ainsi opérateur. Il se maria en 1888 et eu un fils en 1893.
En 1896, à 33 ans, il construisit un quadricycle. Puis un second, en 1898. Il tenta deux fois de le produire en série. En vain. La troisième fois fut la bonne. La Ford Motor Company débuta dans un hangar. La demande pour la A était si importante que Ford du déménager l'année suivante dans une vraie usine... Qui s’avéra vite trop petite. L'une des clefs du succès, c'était l'image "une voiture créée par un ouvrier, pour les ouvriers". En 1908, il dévoila la T. Il déménagea dans la foulée et commença à expérimenter la production en série, en 1911. A presque 50 ans, il devint l'homme le plus riche des Etats-Unis. Il côtoyait le gratin de Detroit. Après la première guerre mondiale, ce fut l'explosion. Ford était persuadé d'être capable de fournir une voiture à la terre entière. Il ouvrit des chaines partout dans le monde, y compris à Cork. Il voulu se diversifier dans les camions, les tracteurs agricoles, les avions... Il lui fallait toujours plus de main d’œuvre et ça se bousculait à la porte de ses usines. On parle des Temps modernes. Mais dans les années 20, il n'y avait guère d'alternative. Ford payait mieux que les insalubres usines de textiles de la cote est. En plus, il proposait un logement, une couverture-santé, une formation... Ford vivait dans un manoir, avec des passages secrets pour rejoindre sa maitresse. Il tutoyait les présidents. Lénine le citait en exemple de productivisme. Bientôt, Staline et Hitler allaient faire la roue devant lui. Edsel, son fils, était tantôt un fils-à-papa, tantôt la voix de la raison. A la fin des années 20, les ventes de la T fléchirent d'un seul coup et Henry du se résigner à lancer ce nouveau modèle voulu par son fils.
La Ford A sauva la marque. La V8 lui permit de passer la crise. Pour autant, Ford avait perdu de sa superbe. Chevrolet l'avait rattrapé. Henry Ford, lui, n'avait pas conscience de cela. Il continuait de superviser la R&D, même si son coup de main était toujours plus symbolique. Il se piquait de politique et fit écrire des pamphlets antisémites et pro-nazis. A plus de 70 ans, il n'était pas question de passer la main. A-t-il eu la maladie d'Alzheimer ? A l'époque, elle était peu connue. En 1943, Edsel mouru. Harry Bennett, garde-du-corps personnel du patron, prit tout ce qu'il a pu. Lui aussi, il s'était fait construire une belle demeure avec passages secrets (qui servit ensuite de siège local pour les scouts !) Pendant ce temps, Ford jetait l'argent par les fenêtres. Des dizaines de milliers d'employés risquaient de se retrouver sur le carreau. En 1945, Washington poussa Henry Ford II, alors étudiant, à déclencher une révolution de palais.
A 82 ans, Henry Ford prit sa retraite. Ce n'était pas un happy end. Lors d'une tempête, sa maison se retrouva sans électricité et inondée. Il a été découvert quelques jours après.

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