Cinéma : Rush

Donc, j'ai été voir Rush.

J'avais pas mal d'a priori (euphémisme.)
1) La plupart des films de voitures sont des navets. Un film de puristes, comme Le Mans, ferait fuir le profane. Donc, les studios ont tendance à simplifier les enjeux du sport auto et à rajouter des sous-intrigues pour attirer un public plus large... Et ça donne des Michel Vaillant et autres Driven.
2) On nous promet que non, cette fois-ci, ce sera différent. Ce sera un vrai film grand public, mais qui respecte la réalité de la F1... Ce qu'on nous disait déjà pour Michel Vaillant.
3) Ron Howard est un réalisateur assez inégal. Quoi qu'il en soit, ce n'est pas un "auteur". Dans le monde auto, il a déjà flingué Gung ho en en faisant une comédie burlesque.
4) Le livre dont c'est adapté est assez chiant.

J'ai été agréablement surpris. Effectivement, c'est un film d'action, très "popcorn". Le bon point, c'est qu'il rend compte de la relation complexe entre Niki Lauda et James Hunt. Il n'y a pas de "gentil" ou de "méchant". On a d'un côté un Lauda surmotivé, premier de la classe et tête-à-claque. De l'autre, Hunt, le beau gosse un peu bas du front, mais au grand cœur. Fait rarissime pour un film US, les personnages non-anglophones ne parlent pas forcément anglais ! Daniel Brühl s'est d'ailleurs mis à l'accent autrichien...

Et le réalisme ? Les fans seront heureux de voir revivre Crystal Palace, le Mont Fuji des débuts (avec piste biodégradables), Enzo Ferrari ou le fantôme de François Cevert. En plus, Howard n'abuse pas des effets spéciaux. On a vraiment l'impression de voir la F1 des années 70...
Mais les puristes vont hurler (surtout après avoir lu le minutieux Au nom de la gloire.) Prenez justement Crystal Palace, par exemple, voici la liste d'erreurs grossières :
1) Harvey Postlethwaite n'arrivera chez Hesketh qu'au moment de la F1. Pourquoi est-ce qu'une équipe privée aurait embauché un designer, alors qu'elle n'intervient pas sur la voiture?
2) Lauda et Hunt se sont rencontré plus tôt et ils ont partagé un appartement à Londres.
3) A écouter Howard, on a l'impression que les pilotes débarquent et qu'ils prennent directement le départ. En fait, il y a les essais libres, les qualifications... Et en F3, il y a toujours plusieurs manches par meeting. Hunt n'aurait donc pas "découvert" que Lauda est rapide, le jour de l'unique course.
4) Avant la F1, Lauda était un pilote plutôt moyen. Il n'avait rien d'un espoir à la carrière météorique.
5) C'est avec Dave Morgan qu'Hunt s'accroche.
Et ça, c'est juste pour la scène d'ouverture...

En résumé, Rush permet de passer un bon moment. Mais ce n'est pas encore "le" film sur le sport auto.

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