Conférence sur les voitures électriques au museum d'histoire naturelle

Pour moi, c'était une demi-journée de formation. Je pense que le journalisme automobile, c'est comme dans tout métiers, il faut régulièrement se remettre à niveau. Sinon, on décroche. Et en ce moment, ce qui est "chaud", c'est la voiture électrique.

Mis à part une illuminée soixante-huitarde presque caricaturale, les intervenants étaient assez sérieux et pragmatiques (y compris ceux qui avaient quelque chose à "vendre".) Une autre personne tablait sur de l'électrique dans les prochaines années. Pour les autres, la voiture électrique ne s'installeront que par vagues, au gré de l'adoption par des couches toujours plus large et de la baisse des prix. Un classique de l'innovation technique.

Les voitures électriques, ça ma rappelle Internet (je dis ça car moi, monsieur, j'étais l'un des premiers à surfer, en France.)
Dés la fin des années 50, les Américains ont réfléchi à un réseau de communication entre ordinateurs. Au milieu des années 90, Internet quitte les labos (civils et militaires) pour arriver chez les particuliers. A l'époque, les grands groupes industriels sont méprisants. On le traite de "Minitel amélioré" et personne ne sait trop quoi y faire. Des entreprises poussent comme des champignons et elles proposent tout et n'importe quoi. Car Internet est plus qu'un média, on peut l'utiliser pour un nombre quasi-illimités d'applications.
Vers 2000, le nombre d'utilisateurs explose et on commence à réaliser des transactions sur Internet. Les start-up de 1995 qui ont survécu roulent des mécaniques. Les grands groupes ne veulent pas louper le train et ils montent à bord de manière plus ou moins improvisée, quitte à prendre conseil auprès de start-up. Des études marketing (pondues par des cabinets plus ou moins sérieux) montrent que l'e-commerce va bientôt décoller.
En 2000, j'avais postulé à un master et lors de l'entretien, on m'a demandé mon opinion. J'ai dit que j'étais ultra-septique sur une poussée à court-terme de l'e-commerce, d'autant qu'il y a trop d'acteurs pour ce marché. On ne m'a pas pris, mais les faits m'ont donné raison. La bulle a éclaté et il y a eu une lame de fond.

En 2008, on voyait émerger un projet de voiture électrique par mois: eBox, Bolloré, Miller, Mullen, Phoenix Technologie... Les grands constructeurs étaient méprisants. Au salon de Paris 2008, un journaliste chevronné a rigolé quand j'ai évoqué Tesla. Au salon de Genève 2010 (il y a 4 mois!), une note ultra-confidentielle d'un constructeur jugeait que les Byd F3DM et e6 n'étaient que des bricolages et qu'on ne les produiraient jamais en série.
Aujourd'hui, c'est internet en 2000! Tesla vend ses roadsters, Byd a construit une poignée d'e6, Smart va bientôt commercialiser sa Smart électrique et BMW va tester plus de 600 MINIe. Les "grands" s'affolent. D'où, là aussi, des accords avec des "petits" qui attrapent la grosse tête: Renault avec Better Place, Daimler avec Tesla, puis Byd... On voit apparaitre plein de sociétés, car la voitures électrique va imposer de nouveaux comportements. Pas question de faire un "plein" en 5 minutes; il faut soit être très, très patient, soit remplacer systématiquement la batterie. A cause de la complexité du véhicule, les constructeurs préfèrent proposer du leasing ou de l'auto-partage. Et puis comme l'autonomie reste limitée, il faudrait proposer des services auto + métro (ou vélo.) Et puis là encore, on voit apparaitre des études si fantaisistes que l'on a l'impression que le cabinet les ont rédigées tout seul !
A mon avis, à court-terme, seules les flottes disposeront de voitures électriques: les constructeurs veulent du volume et des voitures qu'ils peuvent "suivre" facilement. Ensuite, ça restera longtemps un gadget boboïsant, comme les hybrides aujourd'hui. Avec Internet, le problème était: "Est-ce que vous allez acheter quelque chose sur un site qui existe depuis 3 mois et dont vous n'avez jamais entendu parlé ?" Avec l'électrique, c'est: "Seriez-vous près à payer 10 000€ de plus que le prix de votre voiture actuelle pour une voiture sans équipements de confort, qui aurait le tiers d'autonomie, qui serait inutilisable hors de France et dont vous ne seriez pas propriétaire?" Bref, comme avec toute innovation, le grand public va attendre que le marché se stabilise, qu'il ait des points de repères et qu'il ait un réel intérêt à sauter le pas.

Commentaires

Articles les plus consultés